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###### tags: `Festival enfance nature` `Fondation Terra Symbiosis` `Académie petite enfance` `Strasbourg` `Fab Peda` :::warning Ce document est contributif. Pour l'éditer vous pouvez passer en mode édition : **<i class="fa fa-edit fa-fw"></i>**/**<i class="fa fa-columns fa-fw"></i>**. Si vous n'êtes pas à l'aise avec la syntaxe markdown, ce [tutoriel](https://pad.faire-ecole.org/utiliser-codimd) est à votre disposition. ::: # [Conférence] Le Jeu à risque - Ellen Beate Hansen Sandseter (Norvège) :::success **Sommaire** : [TOC] ::: ## 1 - ++À propos du doc++ **« L’enjeu du risque dans le jeu d’enfant en nature- Regards croisés sur les conceptions du risque et la petite enfance »**, Colloque de la théorie à la pratique du 31 janvier au 1er février 2022 * **Date** : le lundi 31 janvier 2022 de 10h à 11H. * **Intervenante** : Ellen Beate Hansen Sandseter, Professeur en Sciences de l’Education, Université de la Reine Maud, Trondheim, Norvège [(site web)](https://ellenbeatehansensandseter.com/) * **Prises de notes** : Moïna Fauchier Delavigne (Fabrique des communs pédagogiques), Benjamin Gentils (Fabrique des communs pédagogiques), Alexia Harambure (Terra Symbiosis), * **Replay vidéo** : A VENIR * **Les autres prises de notes et replay** du Festival Enfance et nature 2022 : [ici](https://pad.faire-ecole.org/festival-enfance-nature-2022-gare) ### Synopsis Suite à la pandémie et la période de confinement nous avons vu un déferlement de préconisations pour favoriser les sorties avec les enfants dans la nature. En même temps, que les projets se réalisent, les questions autour du risque émergent. Comment articuler la notion de risque avec la définition de la sécurité qu’encadrent les politiques de la petite enfance ? A partir d’approches pluridisciplinaires, impliquant des pédagogues, des neurologues, des urbanistes, des sociologues, des anthropologues, des psychologues, des gestionnaires, ce colloque vise à ouvrir des perspectives concrètes autour du risque des jeux libres en nature et la petite enfance (0 à 6 ans). Entre risque et danger quelles sont nos perceptions ? En quoi le risque peut-il être important pour l’enfant dans son développement ? Quel risque pour le professionnel dans le jeu en nature ? ### Objectifs 1. Examiner les théories de conception du risque dans le contexte des politiques publiques ; 2. Débattre sur les pratiques d’accompagnement des professionnels propices à mettre en place les pratiques en face des normes ; 3. Fournir ainsi un espace de dialogue et d’échange entre sciences et politiques avec le but de formuler une feuille de route pour mieux informer et accompagner des projets en nature qui mettent au centre le jeu libre et sensoriel pour l’enfant. ### Axes des thématiques présentées Axe 1 : La santé physique et psychologique du jeune enfant / les méthodes pédagogiques Axe 2 : Les aspects sociologiques / anthropologiques / l’histoire de l’éducation ## 2 - ++Conférence : Ellen Beate Hansen Sandseter :++ * Tout d'abord, je vais présenter le système préscolaire en Norvège et la place du risque dans le jeu, ce qu'est un jeu risqué, son importance dans le développement des enfants... **Bien entendu, les parents essayent de protéger les enfants mais une part de risque est toujours nécessaire**. * Comment définir le jeu risqué : il s'agit souvent d'un risque physique (blessures) ou émotionnel (voire économique). En tant qu'ancienne professeure de sport, je vais me concentrer sur les risques physiques. * Pourquoi cette focalisation ? J'ai vu l'augmentation des réglementations visant la mise en place d'environnements sécurisés (et de nombreuses interdictions : courir, grimper aux arbres). * Or **ces jeux à risque sont intéressants et recherchés par les enfants**. Il y a des oppositions entre les points de vue des enfants et ceux des adultes. * Suite à ces travaux, la littérature scientifique est assez "maigre" malgré tous les débats médiatiques. Comment marquer les limites et les frontières entre ce qui est autorisé ou non pour les enfants ? interdit ou non ? J'ai donc enquêté, interrogé les enfants ou les adultes, etc. * J'ai retenu 6 catégories de risques (à minima pour ordonner mon travail) : * 1. la hauteur (au-delà d'une certaine hauteur, risque de chute), * 2. la vitesse (rapidité et perte de contrôle et chocs ou chutes), * 3. les outils (très liés aux pratiques éducatives norvégiennes ; risque de blessures), * 4. lors d'explorations dans l'environnement (trous, falaise, lacs, se perdre...), * 5. la bagarre (rough and tumble play) et les poursuites. * 6. le jeu d’imitation des enfants plus grands sans en avoir les capacités * Un autre étudiant sous ma direction a rajouté deux catégories supplémentaires (pour les enfants plus jeunes) : les jeux avec impacts (ou contacts avec un mur ou d'autres objets), l'observation et/ou l'imitation de pratiques d'enfants plus âgé·es sans en avoir les capacités. * Pourquoi les enfants prennent des risques ? ("alors que tu vas te blesser, fais attention"). Quand j'ai interrogé les enfants, ils ou elles expriment des éléments très corporels, émotionnels, sensoriels. Ce sont des expériences physiques : fourmillements, ça chatouille dans le ventre, le coeur qui bat plus vite, peur... des émotions grisantes : "scary-funny". Une petite peur que l'on peut maîtriser ou apprivoiser : une forme d'équilibre entre la joie ou le plaisir du jeu et la peur. Une ambiguité forte, interne au jeu. * **Les enfants recherchent cette frontière ou cette confrontation entre la peur et le plaisir.** Voici plusieurs extraits d'entretien d'enfants (sur la balançoire, le couteau, la bagarre, un vélo...). On peut faire aussi référence au "deep play" (jeu en profondeur). ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_f3322e67bef5eae578079031db48ca21.png) * Ensuite, **il existe plusieurs corrélations entre les jeux extérieurs (potentiellement risqués) et leurs avantages : le bien-être, la participation au groupe, voire une meilleure attention en classe.** ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_20d4c92f0730fc31dcaf482a6b5003fc.png) * Présentation d'une liste de bienfaits du jeu risqué en lien avec des références scientifiques : * 1. prévenir des problèmes psychologiques (des peurs...) ; * 2. développement de compétences physiques ; * 3. des compétences d'orientation ; * 4. développer des compétences sociales ; * 5. une meilleure santé générale. * C'est enfin reconnu comme quelque chose d'important. On sait que c'est avantageux pour le developpement psychologique de l'enfant * **Quand l'enfant est face à des situations de risque, il apprend à les gérer, à gérer sa peur. C'est très important pour apprendre à gérer ça dans la vie**. **L'être humain doit savoir dépasser ses peurs.** Instinct de protection, c'est tout à fait normal. Grâce à elle, avec un risque mesurée, on sait mieux gérer ses craintes. Risque gérable. **Quand on interdit aux enfants le jeu à risque, il risque d'être plus anxieux, craintif à l'âge adulte**. * Différents **effets psychologiques** : confiance en soi. Je sais gérer les peurs, les situations difficiles donc je me sens plus fort. * **L'activité physique** est aussi plus importante. C'est bon pour les muscles, pour la coordination, le sens d'équilibre, être plus réactif et avoir une meilleure conscience de son corps, le sens de l'orientation. Suspendu par les pieds à un arbe, vous aurez une bien meilleure appréhension du monde qui vous entoure. Vous expérimentez les vitesses, gérer un choix... Important à développer, pour quand on est dans la circulation, à vélo ou sur une trottinette. * **Les jeux de bagarre**, c'est important pour les capacités sociales, à s'intégrer dans une équipe. Ça apporte des effets positifs à la santé. * Jeu à risque en général : Bien sûr, il y a toujours le risque de se blesser mais le bilan est positif. ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_8225c50f78bc269d6fae34dd7cbe9853.png) * Un des points les plus importants : **le jeu risqué est en réalité quelque chose qui permet de prévenir les blessures.** Il améliore les aptitudes de gestion du risque des enfants. Perception plus réaliste des risques, avec l'expérience. ils perçoivent l'environnement, l'apprécient dans leur enfance. Et ils vont donc grandir avec ces expériences en mémoire et en bénéficieront pour le reste de leur vie. * Etudes menées il y a quelques années sur la prévention des accidents pour les enfants. REFERENCE A AJOUTER ? Quand environnement pas risqué, il y a toujours des risques. En fait c'est aussi risqué, avec ces risques sous jacents. Les enfants actifs, qui sont plus exposés à ces situations risquées, se blessent finalement moins, parce que ces situations leur permettent d'être plus actifs physiquement. Toujours ce paradoxe. * Au contraire, **les enfants avec moins d'activités physiques, sont plus à risque d'accidents**. Le jeu risqué a une fonction pour les enfants. La raison pour laquelle les enfants recherchent ce type d'activités. ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_02702b42ee98986180dc74426358e892.png) * Des recherches sont menées en psychologie de l'évolution. Le jeu risqué, ça a du sens. On est attiré par des activités, des jeux qui ont une fonction pour nous, qui servent. **Si on protège trop les enfants, on leur nuit à long terme. On les empêche de se développer comme être humain capables de gérer le risque dans le monde.** * **L'environnement de jeu** est quelque chose de très important. Je l'ai dit au début. **Concept d'affordance**, créé par le psychologue James J. Gibson) et la théorie des "affordances" avec une référence à Harry Heft (1988, « Affordances of Children’s Environments: A Functional Approach to Environmental Description », Children’s Environments Quarterly, 1988, vol. 5, nᵒ 3, p. 29‑37.). Ancienne théorie écologiste, qui essaie d'expliquer comment l'environnement nous invite à faire des choses. Cela engage l'environnement et la personne. C'est unique pour chacun. Ca dépend de chacun, de ses aptitudes, ses craintes. C'est différent pour moi ou un enfant de 2 ans. * Les enfants perçoivent les invitations de l'environnement et peuvent s'en saisir pour agir. J'ai pu comparer plusieurs situations ou environnements et comment ils étaient investis par les enfants. * **Dans une aire de jeu, il faut aussi pouvoir monter sur le toit de la cabane**. Pour avoir des situations risquées aussi. * Quelques exemples en photo de différents types d'aires de jeu (clôturés, balançoires), pour voir ce que cela permet. Dans ces photos, vous n'allez pas voir beaucoup de propositions de jeu risqué. * ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_65a753d272536496363436164645b1f0.png) * ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_ac1fbfb7d94c97491a677dc0db955215.png) * **Pour des raisons de recherche de sécurité, on passe à une forme de "jouets Fisher Price"** de plus grande dimension. Je l'ai vu en Europe. Ce sont souvent des aires de jeux "aseptisés", un environnement plus ennuyeux. Les cages à singe (ou écureuil), les tyroliennes, les bacs à sable ont disparu. * En Norvège à ce jour, on a encore de la chance. Le jeu risqué est encore possible. * Par ex, un petit camp dans la forêt, les enfants ont construit eux-mêmes leurs jeux et des cabanes, ou dans une école, une grande aire de jeu avec beaucoup de possibilités de jeu risqué. Les enfants peuvent explorer leur environnement naturel. * Petite vidéo : VOIR SI POSSIBLE D'AJOUTER LA VIDEO * XXX randonnée sur la côte en Norvège, proche de l'établissement pré-scolaire en question. Petit aperçu d'un environnement de jeu qui propose et promeut le jeu risqué. C'est tout à fait normal en Norvège. Les enfants apprécient ce type d'opportunité d'explorer un environnement naturel. J'en ai parlé avec eux. ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_935180b8a0f739ec20c17d47a6137554.png) * **Est-ce qu'il y a des blessures ? Vous devez avoir plein de blessé·es ?** Une des questions les plus fréquentes. "En fait non !". * Une étude faite il y a quelques années, cartographie des blessures des accidents en Norvège en 2012. (REFERENCE A AJOUTER) * A partir des chiffres on a eu de 1 à 10 enfants qui ont une blessure par an, pendant la période pré scolaire. En Norvège on a 285 000 enfants qui sont dans des établissements préscolaires de 8 à 9h par jour. * Beaucoup d'heures de présence. 1 sur 10 va avoir un accident, souvent mineur. * 97,9% des cas, très mineures (bobo, besoin de réconfort). * 0,2% des accidents assez grave. 3 fractures du crane en 2012. Tout ceci dans un environnement d'absence de jeu. * 2% blessures modérées avec une fracture, bras, jambe.. ou traumatismes légers. * Chutes et collisions le plus courant. * Plus grave lors de situations imprévisibles. En tout cas, accident très difficiles à prévenir. ils arrivent dans des environnements qui paraissent sûrs à priori. En dépit du fait que ces enfants ont le droit de pratique le jeu risqué. * Du point de vue de la prévention des accidents; les enfants sont invités à explorer leur environnement et apprendre à évaluer les risques. * On a ce souci de sécurisation rampante en Norvège ? * Oui nous sommes aussi un pays influencé par d'autres pays en Europe et dans cette cartographie des risques, on a voulu aussi regarder l'attention de la société peut influencer sur les activités préscolaires en Norvège. * Beaucoup de directeurs ont dit que cela influençait leur pratique. La plupart d'entre eux ont dit qu'ils subissaient des pressions de la part des parents, de ce qu'il est possible de laisser à disposition des enfants. * Préoccupation croissante, en Norvège aussi qui tend à restreindre les activités des enfants. Quelques témoignages : * Ex : Les enfants ont besoin de défi physique mais on a des activités qu'on ne peut plus organiser. * Ex : On est plus attentifs, on va arrêter les enfants dans certains cas... * Ex : cette focalisation de la sécurité peut provoquer des enfants moins compétents. Donc oui, même en Norvège, où on a une culture, on va vers plus de sécutié. Mais je ne veux pas cette hystérie de la sécurité en Norvège. * Pourquoi on va aussi dans cette direction en Norvège ? * un des facteurs, **on voit des enfants comme des êtres plus vulnérables qu'il y a quelques décennies**. Il faut les protéger. Mais il faut arrêter de les voir comme ça. * Les environnements de jeu sont aussi de plus en plus pauvres, aseptisés. Avec plus de normes, d'inspections. On détruit des environnement intéressants. * Les médias qui couvrent les accidents et les diffusent. Si un environnement décède, même au bout de la planète. * Les pratiques des parents plus anxyogènes. Ils sont inquiets du bien être de leur envfant et veulent leur éviter les mauvaises expériences. * Les pratiqes des enseignants qui évoluent avec ces facteurs * La pression croissante des apprentissages. Bcp de contenus scolaires avec des activités (plus) institutionnalisées. Cela les prive de temps de jeu libre, même les plus jeunes. * Les procès intentés. Il y en a peu en Norvège mais dans d'autres pays beaucoup plus. Une communication de l'ONU en 2013 indique : **une sécurité excessive représente une menace pour le jeu des enfants** (Baptiste : pour être plus précis, l'International Play Association a soumis un argumentaire au comité de l'ONU qui suit les droits des enfants qui a publié un commentaire général n°17 [disponible ici](http://docstore.ohchr.org/SelfServices/FilesHandler.ashx?enc=6QkG1d%2fPPRiCAqhKb7yhsqIkirKQZLK2M58RF%2f5F0vFw58qKy0NsTuVUIOzAukKt5LbSRRVUBmkkRv8vXxwZpcxVSL2Bmv8p5g%2bIzk6zsK%2fDuEN9E0A4zFdg8IsO4vCc) sur le droit de jouer [voir le site de l'IPA](https://ipaworld.org/playrights-magazine/2013-general-comment-issue/)) ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_b9c3aa214c5424c8f9cd5eaf92c8b7c6.png) * En Europe, on a nos 3 propres recommandations sur la sécurité des aires de jeu. Cela a été introduit en 96-97 et cela a eu un impact important sur les aires de jeu en Norvège. Les normes européennes sont utilisées en partie en Norvège. Il faut être prudents, consceints de ce que ces prescriptions apportent comme influence sur les aires et de jeu et changent notre regard. ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_1f4283e583bc5e261b24e73d0e0c22f0.png) * Suite à l'introduction de ces normes, une nouvelle profession est apparue : les inspecteurs des aires de jeu. Ils connaissnt les règles et les apsects techniques. Ils sont parttou présent. Il y a des gens intelligents, avec une sensibiltité. certaisn veulent que les aires permettent des actvités excitnantes pour les enfants. Mais en. général, impact négatif. * Quels sont les bénéfices pour les enfants, qu'est ce qui va être attractif pour les enfants ? C'est à trouver ici. ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_3aafbebb16c909d2ed3bb53d416ba074.png) Dernier exmple, avec une vidéo. Dans un établissement pré scolaire où j'ai fait une étude. Il y avait des petites huttes, que les enfants préféraient. Il y avait d'autres éléments mais ce sont les huttes qu'ils adoraient. Il y avait une sorte de moule sur la partie inférieure du toit. Il l'utilisait pour accrocher leur talon et basculer dessus et monter. Ils essayaient tous de monter sur le toit : c'est ca qui était amusant. L'inspecteur est venu et a été choqué. La bordure à côté, autour du bac à sable. Ils pourraient tomber dessus, se blesser. L'inspecteur a demandé que la moulure soit enlevée. Donc les enfants n'ont plus pu utiliser la hutte comme ils avaient l'habitude de le faire. Ils ont eu des activités de résolution de problèmes, à la suite de la visite de l'inspecteur. On voit un enfant utiliser un balai pour s'accrocher au faît du toit et grimper sur le toit malgré l'enlèvement de la gouttière (ou la "moulure" évoquée par Ellen ; je suppose). Le garçon se couche sur le toit. * Comme vous voyez, les enfants savent résoudre des problèmes. Quand on abime leur cabane, Le toit de la cabane servait aussi de tobogoan, avec la moulure, cela les freinait. Maintenant, ils tombent plus facilement. L'inspecteur a créé plus de danger et de conflits. On va devoir interdire le balai, pour éviter le danger... ![](https://hot-objects.liiib.re/pad-faire-ecole-org/uploads/upload_c238578d25de57683e6bdc2189924593.png) Caricature : Un jeune enfant dit à l'éducatrice : "Vous pouvez arrêter de nous pousser, maintenant que les inspecteurs nous ont enlevé les balançoires". Devant l'éducatrice, deux enfants qu'elle vient de pousser par terre. ## ++3 - Questions - réponses++ ++**Qu'est ce qui provoque des conduites à risque, si ce n'est pas le jeu à risque ? Pourquoi certains se mettent en danger ?**++ **Ellen** : Il y a des recherches qui montrent que des enfants hyperactifs vont avoir une plus grande tendance à se blesser. Ils cherchent plus de sensations fortes. Mais expliquer pourquoi des enfants dépassent les limites n'est pas vraiment mon sujet de recherche. ++**Prise de risque dedans versus dehors ?**++ **Ellen** : * J'étais intéressée par le jeu dehors dès le début. Lors de la 1ere collecte de données, on a pu receuillir des données du dedans et du dehors. Selon ces données collectées, le jeu à risque est aussi présent dedans. Même si ce ne sont pas les mêmes risques. On le voit dans la littérature scientifique : sur les 2000 vidéos analysées, environ 13% du jeu à risque au total de notre échantillon sont à l'exterieur. Dedans, on voit 7%. **le dehors deux fois plus favorable au jeu risqué**. ++**Prévention des maladies plus tard ? Comment on sait que les enfants développent ces compétences par rapport aux enfants qui ne sortent pas ? Des études comparatives ont elles été menées...?**++ **Ellen** :Sur le plan psychologiques, on est certains que... > (COMPLETER). On a regardé ce qui se passe sur un échantillon. Par exemple on a observé les personnes qui ont grandi, selon leur enfance et en fonction de leur parents. Par exemple, au Pays bas, les parents qui élèvent leurs enfants en les laissant prendre des risques, rechercher leurs limites, ont des enfants qui ont moins de maladies psychiques que les enfants surprotégés. Les surprotéger ont tendance à développer des peurs, des angoisses. Je ne fais pas ces recherches mais j'ai lu beaucoup de travaux très intéressants sur ce sujet. Ensuite pour les maladies comme la grippe, les études sont plus difficiles à trouver. Côté blessures, il est montré que jouer dehors n'augmente pas les blessures. **Si les enfants jouent dehors, moins de journée maladies, moins d'absences**. Je n'ai pas fait ces travaux mais c'est clairement prouvé. ++**Comment accompagner les éducateurs à laisser les enfants à prendre plus de risques ? Formations possibles ? aussi pour les parents ?**++ * **Ellen** : La connaissance, la formation, il n'y a rien de tel. Il faut connaître et informer. Beaucoup de recherches, de travaux ont déjà été menés. Il faut rendre disponibles ces travaux aux stagiaires... c'est important. **Pour les parents aussi, il faut montrer dans les médias que laisser prendre des risques aux enfants est important.** Si les éducateurs sont formés, cela fait levier. J'ai une collègue qui travaille à faire accepter ce jeu à risque (AJOUTER SON NOM). * En Norvège, les enseignants connaissent l'intérêt du risque. Au Canada, on est bien plus protecteurs, surprotecteurs, donc c'est plus difficile pour les enseignants et les parents. ++**En France on travaille sur la végétalisation des cours d'école. La dimension de prise de risque ne semble pas très développée, un palier difficile à franchir ? Comment accompagner cela ?**++ **Ellen** : J'essaie d'expliquer les raisons pour lesquelles on a plus d'ouverture en Norvège. ++**Tendance à la surprotection en France, aussi dans les cours d'école. ca peut être intéressant de comparer les pratiques**++ * **Ellen** : En Norvège, je disais au début qu'on a trop de protection pour les enfants mais en voyant les autres pays, c'est bien pire donc c'est pas si mal.. La hantise de prévention est forte partout. * Norvège, faible densité de population et habitude de marcher en forêt... mais cette culture du plein air est en train de se perdre. La nouvelle génération dit qu'il faut un cadre, besoin de regarder les écrans... la forêt les intéresse bcp moins. Je me sens un peu larguée. Peut être qu'on en a pas fait assez, pour expliquer à nos enfants l'importance du plein air. Je regarde mes étudiants, 19-22 ans... quand je leur demandais leur espace de jeu préféré, ils répondaient ruisseau, petits oiseaux, cabane dans les arbres.... mais de moins en moins ils disent ça. De plus en plus, à l'intérieur, écran, centre ville... C'est empirique mais c'est sûr que le jeu dedans gagne du terrain. Comment encourager les parents, les éducateurs, à faire jouer les enfants dehors, alors qu'ils n'ont pas l'habitude de le faire eux-même? ++**Risques liés à la question de responsabilité. Les assurances. Les encadrants veulnt limiter les risques pour éviter de porter cette charge ? En Norvège, comment les enseignants, surveillants, ceux qui imaginent les aires de jeu... Si blessure, qui est responsable ?**++ * **Ellen** : On n'a pas en Norvège la culture du tribunal. On ne va pas au tribunal pour la moindre chose. Heureusement. De plus, c'est dans les cultures nationales : être en extérieur, c'est normal et c'est une bonne chose. On sait qu'on peut se casser la figure, se casser un bras. C'est admissible. Les parents ont à peu près la même culture. Je sais que dans certains pays, les parents sont fachés si les enfants rentrent sale, en Norvège, c'est le contraire. On est content **si l'enfant rentre sales, alors que ça montre qu'il s'est amusé**, le contraire indique l'absence d'amusement. On considère que c'est naturel de se salir, et de tomber. * Cela donne aux encadrants du courage, de la marge de manoeuvre. Le rôle du risque fait partie de la formation des éducateurs en maternelle en Norvège. Ils ont la loi pour eux, le code civil qui les protège. **Leur mission : aussi que les enfants s'amusent dehors**. Le système de santé fonctionne aussi plutôt bien. Si un enfant a un accident, se casse une jambe, les parents ne paient pas. Pour les enfants c'est gratuit, pas pour les adultes. Si vous êtes boulanger ou médecin, vous ne paierez pas pour votre enfant. **Si vous ne payer pas 10 K pour une jambe cassée, vous ne penserez pas aller au tribunal**. Sinon ca peut ruiner une famille. Enfin, selon les statistiques d'accidents, on voit qu'il y en a très peu. C'est rassurant. Il y a tellement peu de personnes blessées et quasi pas de procès, contre des éducateurs qui n'auraient pas fait attention. ## 4 - Ressources * [Programme du festival](https://festival-enfance-nature.fr/wp-content/uploads/2022/01/Programme-Festival-Enfance-et-Nature.pdf) * Bibliographie * Brussoni Mariana, Gibbons Rebecca, Gray Casey, Ishikawa Takuro, Sandseter Ellen Beate Hansen, Bienenstock Adam, Chabot Guylaine, Fuselli Pamela, Herrington Susan, Janssen Ian, Pickett William, Power Marlene, Stanger Nick, Sampson Margaret et Tremblay Mark S., 2015, « What is the Relationship between Risky Outdoor Play and Health in Children? A Systematic Review », International Journal of Environmental Research and Public Health, 2015, vol. 12, no 6, p. 6423‑6454. * Sandseter Ellen Beate Hansen, 2010, « ‘It Tickles in My Tummy!’ Understanding Children’s Risk-Taking in Play Through Reversal Theory », Journal of Early Childhood Research, 2010, vol. 8, no 1, p. 67‑88. *** Sandseter Ellen Beate Hansen, 2009a, « Affordances for Risky Play in Preschool: The Importance of Features in the Play Environment », Early Childhood Education Journal, 2009, vol. 36, no 5, p. 439‑446.** *** Sandseter Ellen Beate Hansen, 2009b, « Characteristics of Risky Play », Journal of Adventure Education and Outdoor Learning, 2009, vol. 9, no 1, p. 3‑21.** * Sandseter Ellen Beate Hansen, 2009c, « Children’s Expressions of Exhilaration and Fear in Risky Play », Contemporary Issues in Early Childhood, 2009, vol. 10, no 2, p. 92‑106. *** Sandseter Ellen Beate Hansen, 2009d, « Risky Play and Risk Management in Norwegian Preschools – a qualitative observational study », Safety Science Monitor, 2009, vol. 13, no 1.** * Sandseter Ellen Beate Hansen, 2007, « Categorising Risky Play— How Can We Identify Risk‐Taking in Children’s Play? », European Early Childhood Education Research Journal, 2007, vol. 15, no 2, p. 237‑252. * Sandseter Ellen Beate Hansen, Cordovil Rita, Hagen Trond Løge et Lopes Frederico, 2020, « Barriers for Outdoor Play in Early Childhood Education and Care (ECEC) Institutions: Perception of Risk in Children’s Play among European Parents and ECEC Practitioners », Child Care in Practice, 2020, vol. 26, no 2, p. 111‑129. * Sandseter Ellen Beate Hansen et Sando Ole Johan, 2016, « “We Don’t Allow Children to Climb Trees”: How a Focus on Safety Affects Norwegian Children’s Play in Early-Childhood Education and Care Settings », American Journal of Play, 2016, vol. 8, no 2, p. 178‑200. * Storli Rune et Sandseter Ellen Beate Hansen, 2017, « Gender Matters: Male and Female Ecec Practitioners’ Perceptions and Practices Regarding Children’s Rough-and-Tumble Play (R&T) », European Early Childhood Education Research Journal, 2017, vol. 25, no 6, p. 838‑853. * Wyver Shirley, Little Helen, Tranter Paul J., Bundy Anita C., Naughton Geraldine et Sandseter Ellen Beate Hansen, 2010, « Ten Ways to Restrict Children’s Freedom to Play: The Problem of Surplus Safety », Contemporary Issues in Early Childhood, 2010, vol. 11, no 3, p. 263. --- Ce document est régi par les termes juridiques de la [licence Creative Commons BY-SA 4.0 ](http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/) <center>